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19/12/2014

Zadistes, le présent et l’avenir

 Ceci n’est qu’une libre opinion, émise à partir d’un article paru sur Le Monde, que l’on pourra trouver à l’adresse suivante :

Lemonde.fr/des-zad-mais-pour-quoi-faire

Réfléchissant aux événements intervenus au cours de ces derniers mois dans des lieux où s’affrontent des visions différentes de notre avenir, l’auteur, Nicolas HAERINGER, passe en revue les zones d’affrontement que sont Notre-Dame des Landes, Sivens et Roybon. 

Un nouveau mot, et toute sa déclinaison, est apparu : ZAD (Zone A Défendre), d’où zadiste pour ceux qui s’y installent jusqu’à ce que toutes les voies de recours aient été tranchées, parfois à la cime des arbres, pour empêcher des démarrages de chantiers qu’ils jugent contraires à la préservation de notre environnement. 

Comme l’auteur de l’article le met en évidence, les enjeux de ces luttes sont au moins aussi largement liés à notre dysfonctionnement « démocratique » qu’à des questions environnementales. Ce sont largement les processus de décision politique, de l’échelon municipal à celui de l’Etat, qui sont fortement interpellés. 

Il pointe aussi le retour d’une notion nouvelle dans les conflits d’intérêts, celle de « territoire ». Ces territoires suivent de moins en moins souvent les limites des découpages administratifs et des pouvoirs qui y correspondent mais ils retrouvent des périmètres liés à la géographie ou à l’histoire, voire à la plus haute préhistoire. A cette occasion on voit apparaître l’aspect périmé de découpages datant de plus de deux siècles à une époque où il fallait que le Préfet puisse se rendre à cheval à l’extrémité du département en chevauchant toute une journée (En Ardèche il fallait qu’il soit vraiment un bon cavalier et, même à l’époque où je montais allègrement, il m’aurait fallu plus de deux jours). 

Ces Zadistes dessinent-ils une nouvelle approche de la politique et du développement économique ? Il est manifestement un peu tôt pour le dire, mais ils sont loin d'être les seuls à proposer des alternatives à un mode d'exploitation intensif et égoïste des ressources naturelles sans égards pour les dynamiques naturelles auxquelles l'humanité d'hier vouait un respect salutaire. Il y a trois mois, six cents personnes étaient venues à Saint-Andéol-de Fourchades, dans la ferme du Bourlatier, écouter sur ce thème le témoignage de Pierre Rabhi, en prélude aux prochaines rencontres de « Montagne, Ouvre-toi ! » qui se dérouleront en juin sur le Mézenc. 

Nos très très lointains ancêtres vécurent en montagne ardéchoise sous la menace des éruptions et ils s’organisèrent le long des vallées fertiles qui descendaient de ces volcans. Est-ce un hasard si cette cathédrale de la plus haute préhistoire qu'est la grotte de Chauvet-Pont-d'Arc, se trouve au bout d’une diagonale paysagère structurant le pays, des Sucs de l’Yssingelais au confluent de l'Ardèche et du Rhône, où des chapelles dédiées au Moyen-Âge à Saint Andéol furent érigées tous les vingt kilomètres dans un alignement parfait avec des cratères qui n'ont pu que marquer puissamment l'imaginaire des hommes premiers qui nous ont légué le trésor des sources de l'humanité ? 

Les territoires sur lesquels, demain, de nouveaux zadistes viendront peser sur les choix des élus, ne seront-ils pas articulés autour de ces axes fournis par la nature et occupés par les hommes qui nous précédèrent, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années ? Nos élus feraient bien d’y réfléchir avant de défendre des esprits de chapelle ou des intérêts privés coupés de toute racine profonde et réelle. Le monde des hommes évolue de plus en plus vite … mais, la frénésie s'épuisera devant l'évidence de la permanence des fondements naturels et ancestraux de l'humanité. Le tout nouveau Geopark des monts d'Ardèche ne met-il pas en scène l'ensemble de ces enjeux universels dans le cadre paysager exceptionnel d'un territoire trop méconnu ? 

Jean-Paul Bourgès 17 décembre 2014

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