Trève des confiseurs ?
19/12/2014
La lettre hebdomadaire du vendredi 19 décembre est la dernière de l'année 2014 : il n'y aura pas de publication les vendredis 26 décembre 2014 et 2 janvier 2015... Nous marquerons ainsi la « trêve des confiseurs ».
Mais au fait, savez-vous qu'elle est l'origine de cette expression ?
Chacun sait bien que la période de Noël et du Nouvel An n'est justement pas un temps où les confiseurs se tournent les pouces : c'est même sans nul doute l'une des périodes de l'année où ils réalisent leur plus gros chiffre d'affaires tant les desserts et les friandises y sont consommés, et servent aussi de présents ou d'étrennes !
La trêve des confiseurs n'est donc pas l'arrêt de travail des confiseurs, pâtissiers et autres chocolatiers, elle est plutôt le temps où beaucoup d'activités sont suspendues en raison des fêtes, occasions (ou prétextes) de dégustation plus ou moins immodérées de ces confiseries dont la France possède un très riche panel.
Cette expression, s'accorde-t-on à dire, est née dans des circonstances historiques bien précises : à la fin de l'année 1874, à la Chambre, avaient lieu des débats passionnés - et parfois houleux - à l'occasion de l'élaboration de la constitution de la troisième république : monarchistes, bonapartistes et républicains s'affrontaient, mais « d'un commun accord, tous les groupes de la Chambre jugèrent que l'époque du renouvellement de l'année était peu propice à des débats passionnés. À cette occasion la presse satirique imagine le mot de « trêve des confiseurs » » (Jules Lermina, in « Fondation de la République française », 1882). On reconnaît bien là l'esprit parisien, prompt à ironiser et à rire des choses les plus graves, sans toutefois cesser de les prendre au sérieux. Peut-être ceux qui imaginèrent cette expression se souvinrent-ils de la « trêve de Dieu », période de suspension d'armes imposée au Moyen-Age par l'Eglise aux féodaux trop belliqueux, afin de protéger ou de soulager les peuples qui faisaient les frais de leurs luttes par trop fréquentes.
En cette année du centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale, nous terminerons cette évocation historico-linguistique par la mention de la trêve de Noël de 1914, lorsque les soldats britanniques qui tenaient les tranchées autour de la ville belge d'Ypres fraternisèrent, pour une nuit, avec les soldats allemands.
Nous vous souhaitons donc de bonnes et belles fêtes et vous retrouverons pour la lettre hebdomadaire du 9 janvier 2015, et - ainsi qu'on le dit chez nos voisins provençaux : « a l’an que ven que se siam pas mai que siguem pas mens ! »
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