De la préhistoire à l'histoire, le Mézenc entre deux mondes
06/10/2014
Cette conférence aura lieu le 9 octobre à 21 heures, dans le bâtiment des Coustilles à Laussonne (Haute-Loire). L'entrée est gratuite.
Elle sera présentée par Emmannelle DEFIVE, Maitre de Conférences à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand et Jean-Paul RAYNAL, Directeur de recherches émérite au CNRS et président de l’Archéo-Logis.
Le haut bassin de la Loire et sa bordure rhodanienne ont connu une histoire géologique et géomorphologique (évolution des reliefs, érosion) dont l’empreinte se marque fortement dans les paysages du massif du Mézenc et de ses abords. Le contraste y est frappant entre les hautes terres de l’ouest (Velay) et les pentes et les bas pays de l’est (Vivarais). Ces paysages portent la trace des fluctuations environnementales qui ont affecté ce secteur sous l’effet des variations du climat mais aussi de l’histoire et des modalités de l’implantation progressive de l’homme sur le massif.
Très tôt dans la préhistoire les néandertaliens ont traversé les hautes terres du Velay oriental et du Vivarais. Leurs traces se retrouvent de Devesset au Béage, sous la forme d’objets de pierre taillés perdus au cours de leurs parties de chasse.
Plus tard, l’homme de Cro-Magnon traverse aussi les hautes terres et voyage entre Val d’Allier et Basse-Ardèche. Les silex de très bonne qualité de la région de Cruas témoignent de ces déplacements vers le Velay par l’Eyrieux et la Fontaulière, aux différentes périodes de la préhistoire, et se retrouvent dans plusieurs sites du bassin du Puy.
Les dépôts qui couvrent les versants et comblent les fonds des vallons de cette région montagneuse ouvrent une fenêtre encore largement inexplorée sur cette histoire des interactions entre l’homme et son milieu, qu’il s’agit de décrypter et de comprendre.
Plusieurs programmes de recherche en cours lèvent peu à peu le voile sur ces archives du sol et des hommes.
J.P. Raynal, Président
Archéo-Logis / CDERAD
Les Coustilles
43150 Laussonne
1 commentaire
La lecture d'une série d'articles consacrés à la mobilité humaine aux temps paléolithiques me surprend par une méthodologie essentiellement, voire exclusivement quantitative et statistique. Pas l'ombre d'une hypothèse sur des motivations d'ordre exploratoire ou cosmogonique de ces circulations paléolithiques. Seule la circulation des outils est prise en compte. La beauté des paysages comme moteur d'une pulsion de découverte à travers l'Europe dès le paléolithique moyen ne semble pas avoir effleuré l'esprit des archéologues. Le travail de l'artisan tailleur de pierre du Moustérien n'aurait-il pas pu être un puissant facteur du développement de la civilisation par l'esthétique ? Pour l'artisan contemporain l'esthétique de son produit est un critère de qualité essentiel, consubstantiel aux qualités opérationnelles du produit. Il en allait évidemment de même pour l'artisan moustérien, puisqu'il était artisan ! L'esthétique est donc présente comme facteur essentiel des pulsions humaines dès ces époques premières de la civilisation. L'harmonie, la symétrie, les contrastes ou les ruptures de formes et de couleurs, les rapports de dimensions, de courbes, d'angles et leurs dynamiques offertes par la nature immobile ou en mouvement (animaux, cours d'eau, effets du vent, nuages, éruptions, constellations…), la sûreté du geste, celui de l'animal comme celui de l'homme taillant l'outil ou l'utilisant devaient bien constituer la structure de la perception esthétique de l'artisan. Jusqu'ici, dans ces articles sur la mobilité au paléolithique, je n'ai trouvé aucun raisonnement qui intègre cette dimension essentielle. La méthodologie archéologique semble procéder non de l'intégration par l'imagination de toutes les données observables mais de la seule observation de ce qui est quantifiable. L'esthétique des fresques rupestres a-t-elle été intégrée à l'étude de la mobilité des matières premières et des outils ? Lorsque l'archéologie découvre que l'on peut croiser les tableaux statistiques de diverses disciplines, elle se félicite de son audace : le géomorphologue qui a été appelé à Chauvet par les archéologues a fait de l'excellent travail dans la grotte et, à ce que j'en ai lu mais je suis encore très loin d'avoir tout lu, il n'a pas eu l'idée de jeter un œil à l'extérieur pour voir s'il n'y avait pas un rapport entre le dehors et le dedans. Je ne parle pas de l'extérieur immédiat, le Pont d'Arc, qui n'échapperait pas à l'observation du plus myope des scientifiques.
Frédéric Lavachery.
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